TELERAMA – 25/05/2016 – Luc Le Chatelier
« En France, 95 % des maisons individuelles échappent aux architectes. Pourquoi ? Ils seraient trop chers et n’en feraient qu’à leur tête. “Faux !”, s’insurgent les pros, qui ouvrent leurs portes les 3 et 4 juin, et leurs maisons les deux week-ends suivants.
La France moche est un fromage bien gardé par le lobby des constructeurs et le manque de clairvoyance d’élus paresseux. Dessinées par des géomètres (dont ce n’est pas le métier), loties par des promoteurs (attachés à leur marge), les zones pavillonnaires mitent le paysage de leurs petites maisons sans âme. Pourtant, pour le même prix, les maires, les aménageurs, et les particuliers surtout, pourraient s’offrir, en prime, de la matière grise qui magnifie la topographie, l’histoire des lieux, la course du soleil, les points de vue sur l’horizon et les envies des habitants.
Et pourquoi donc les architectes seraient-ils meilleurs ?, se demande le profane. Parce qu’ils ont fait des études ad hoc, déjà, et qu’ils respectent une déontologie qui garantit leur indépendance, comme le rappelle Jean-François Espagno, fondateur d’Architectes d’Aujourd’hui, un réseau national de professionnels spécialisés dans la maison individuelle ou le petit collectif. «C’est une profession libérale réglementée, comme médecin ou avocat. L’architecte est là pour défendre les intérêts de son client, indépendamment des entreprises. Ce dernier point est très important : s’il vérifie les devis et surveille de près les travaux – et peut, le cas échéant, les faire refaire s’ils ne correspondent pas à la qualité requise –, il n’a aucune relation d’argent avec les artisans. Ceux-ci sont payés directement par le client. »
La suite de cet article: http://www.telerama.fr/scenes/la-maison-laisse-l-architecte-en-plan,143025.php#mbUZUBsccVi8wZ9Z.01